Précurseur de la techno, A guy called Gerald infiltre sa jungle en Suisse | |
Le Nouveau Quotidien 23 February 1996 Page: 22 |
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Après huit ans d'éclipsé, le DJ anglais revient avec un nouvel album et une tournée européenne. Portrait avant concerts. Comment savoir quand un genre musical atteint sa maturité? Est-ce lorsqu'il commence à générer une multitude de sous-produits, de déclinaisons diverses? Est-ce quand il connaît ses premières stars, ses idoles reconnaissables de tout un chacun et dûment célébrées dans tous les magazines pour teenagers? Ou serait-ce plutôt lorsque le genre connaît son premier revival, vit la première renaissance d'une de ses figures? Si tel est le cas, le retour d'A guy called Gerald, tout comme celui moins médiatisé de Félix Da Housecat, autre DJ précurseur de la techno house, manifeste le passage à l'âge de raison de la dance music. Autre signe de cette maturité,les multiples sorties de CD regroupant les grands succès de la première vague de la house music: aujourd'hui la série Mastercut consacre une de ses compilations au mouvement acid-house, né à l'été 1988 Qe désormais légendaire «Summer of love»). Une dizaine de tubes enregistrés par les précurseurs du genre, issus de l'école de Chicago, de Détroit ou de Londres, composent ce panel musical. Etonnant absent de ce premier état de la production house, Gerald Simpson, alias A guy called Gerald, a composé en 1988 «Voodoo ray», un morceau hypnotique, hanté par des boucles acides. Morceau emblématique de la vague acid-house anglaise, «Voodoo ray» a valu au compositeur une célébrité fulgurante. Conséquence: un contrat avec la firme Sony qui n'aboutit à rien sinon un long silence discographique. Déçu par la politique de chasse au tube de la maison de disques, Gerald Simpson créa en 1991 son propre label Juice Box et commença à prospecter dans les clubs de Londres et de Manchester, son port d'attache. Lancée dans les hangars et les fêtes ragga de la capitale, une nouvelle tendance se dessinait, la jungle. Mélange de reggae et de techno, elle infiltra rapidement toute la scène dance. Aujourd'hui la jungle est partout, elle contamine la techno, la house, la pop - les remixes jungle de standards pop ne se comptent plus - et surtout la musique ambient. A guy called Gerald est aujourd'hui l'un des compositeurs les plus inspirés de cette dernière tendance. «Black secret technology», son dernier album, est considéré comme la référence du genre. Particularité: des sons très travaillés, une atmosphère trouble et sombre. La violence rythmique souvent liée à la jungle fait ici place à une musique plus futuriste, mentale et dansante. Actuellement, Gerald Simpson fait tourner son manège jungle tout autour de l'Europe. Sa mission: prouver que le genre peut concilier mélodie et expérimentation. > A guy called Gerald, «BLACK SECRET TECHNOLOGY» (Juice Box - distr. RecRec). [Author: MICHEL MASSEREY] |